Les nuages se sont accumulés en fin d‘année 2014, du fait de l‘aggravation de la crise politique et des difficultés du Venezuela, le principal bailleur de fonds d‘Haïti. Les manifestations se sont multipliées pour exiger la démission du président Martelly et de son gouvernement. Le premier ministre, Laurent Lamothe, a fini par démissionner le 14 décembre.
Le président et l’opposition se sont mutuellement accusés d’être responsables de la non-tenue des élections législatives et municipales, en retard de trois ans. Le mandat des casques bleus de l’ONU (Minustah) a été prolongé d’un an en octobre, mais en divisant par deux les effectifs militaires. L’insécurité a augmenté. Les assassinats, souvent attribuées aux gangs se sont multipliés et deux évasions massives de prisonniers ont eu lieu. L’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier est mort le 4 octobre, sans avoir été jugé pour les crimes dont il était accusé.
Le taux de croissance de 3,8% a été inférieur aux prévisions. La pauvreté n’a qu’à peine reculé malgré la mise en place de programmes sociaux financés par l’aide vénézuélienne et qualifiés de « clientéliste » par l’opposition. Selon la Banque mondiale, le quart de la population ne pouvait se nourrir correctement et le chômage touchait 40% de la main-œuvre urbaine et plus de 60% des jeunes. Principaux amortisseurs de la pauvreté, les transferts de fonds des émigrés ont augmenté. Provenant pour l’essentiel des Etats-Unis et de la République dominicaine voisine, ils ont profité à 70 % des ménages et représentent plus de 20% du PIB.
L’inflation est restée maitrisée (5%). La dette publique, en grande partie annulée après le séisme de janvier 2010, a augmenté (24% du PIB). La plupart des grands projets de travaux publics, comme le nouvel aéroport du Cap-Haïtien, la deuxième ville du pays, ont été financés par les fonds de l’accord PetroCaribe, qui permet la fourniture de produits pétroliers vénézuéliens. Ces crédits. Échappant au contrôle du Parlement – et source de corruption – selon l’opposition‑, ont aussi financé le déficit structurel de la compagnie nationale d’électricité. Du fait des branchements sauvages et des pertes techniques, moins du tiers de l’électricité produite a été payé par les usagers.
Importé fin 2010 par les casques bleus népalais, l’épidémie de choléra a connu une recrudescence fin 2014. Les familles de victimes ont porté plainte contre le Nations unies devant un tribunal de New York.