
1) Contexte
Les conditions climatiques sont désastreuses en Haïti, marquées par l’irrégularité des pluies et la présence périodique de cyclones. La population est chaque année victime de catastrophes naturelles comme les ouragans (quatre cyclones en 2008).
Suite à ces ouragans les récoltes sont détruites et la vulnérabilité des populations pauvres augmente. En 2010, l’île a essuyé un terrible tremblement de terre qui a causé 250.000 morts et 1,3 millions de sans-abri suivi du cyclone Thomas et d’une épidémie de choléra. Haïti ne s’est toujours pas remis du tremblement de terre et de ses conséquences, suivi ces dernières années, de crises politiques, économiques et sociales sans oublier la pandémie COVID-19 qui affaiblit d’avantage le pays.
L’année 2019 a été marquée par une instabilité particulière.
La sécheresse de 2018, qui a duré jusqu’en début 2019, a causé une diminution de la production agricole de 12%, dans plusieurs parties du pays ; et cela dans un contexte de problèmes générales en termes d’infrastructures agricoles.
De nombreuses manifestations et barrages de routes, suite au scandale PetroCaribe et aux allégations de corruption adressées au Président Jovenel Moïse et son gouvernement, ont mené à une paralysie du pays. Le pays a vu une inflation annuelle de presque 23%, avec une hausse de la valeur du panier alimentaire, composé de produits de base de 40%, ainsi qu’une dépréciation de la gourde contre le dollar d’environ 24% d’année en année.
Pendant la grève et les fermetures et barrages du « peyi lock » (pays bloqué), les agriculteurs en périphérie de la capitale ne pouvaient plus accéder à leurs terres pour vendre leurs produits sur les marchés.
Une conséquence de tous ces facteurs était une forte réduction du pouvoir d’achat des ménages, notamment des ménages très pauvres, et une forte réduction de leur accès à l’alimentation.
En situation d’accès réduit à l’alimentation, les populations en question ont recours à des stratégies de survie qui aggravent davantage leur situation et créent un cercle vicieux ; il s’agit, par exemple, de la consommation des semences devant être plantées pendant la campagne de printemps, l’avancement de la période de soudure pour février-mars 2020, l’achat de nouvelles semences à des prix beaucoup plus élevés (à cause de la hausse de la demande pendant la période de semence), la vente de bétail, la coupe d’arbres fruitiers pour faire et vendre du charbon, et la location de terres cultivables. Ces stratégies de survie ont des conséquences sur la santé des personnes, qui se voient contraintes de diminuer leur apport calorique, baisser la qualité et la diversité des aliments consommés et leurs dépenses pour des soins de santé. Mais il y a aussi d’autres dépenses, notamment pour l’éducation des enfants, qui sont diminuées.
Ce dernier aspect est particulièrement important, car si les enfants ne peuvent plus aller à l’école parce que leurs parents ne peuvent plus payer l’écolage ou parce que les écoles et les cantines scolaires sont fermées, il leur manque un repas important, souvent leur seul repas chaud pendant la journée. La situation des enfants en termes de sécurité alimentaire s’aggrave donc de plus en plus ; et déjà aujourd’hui, un nombre alarmant d’enfants souffre de malnutrition en Haïti.
En mars 2020, après la confirmation des premiers cas positifs de la pandémie COVID19 en Haïti, le président Jovenel Moïse a déclaré l’état d’urgence sanitaire dans tout le pays et a annoncé un certain nombre de mesures de prévention, notamment la fermeture des aéroports et des ports à tous les passagers, la fermeture de toutes les écoles et usines et la tenue réduite des marchés.
Selon l’OCHA, en 2020, 4,6 millions de personnes en Haïti ont actuellement besoin d’une assistance humanitaire, ce qui représente une augmentation de presque 79% comparé à l’année 2019.
Les besoins les plus élevés sont à constater dans le domaine de la sécurité alimentaire.
Durant la période de mars à juin 2020, le nombre de personnes qui souffrent d’insécurité alimentaire est à 4,1 millions, soit 40% de la population, avec 2,9 millions de personnes en état de crise et 1,2 millions de personnes en état d’urgence, et cela surtout dans le département de l’ouest du pays et en milieu péri-urbain et rural. De plus, actuellement 65.530 enfants de moins de 5 ans souffrent déjà d’une malnutrition aigüe dans l’ensemble du pays.

2) Développement des projets d’aide d’urgence et de reconstruction d’OTM
En cas de catastrophe naturelle, OTM finance des actions à caractère humanitaire et d’urgence, notamment par le biais d’aides alimentaires se caractérisant généralement par un volet de distribution de nourriture et un volet de financement et de distribution de semences en vue de relancer la production agricole. Une partie des récoltes obtenues des semences, distribuées gratuitement, est généralement destinée aux cantines scolaires des écoles partenaires d’OTM ou est remis dans des banques de semences pour être distribués gratuitement à d’autres bénéficiaires lors de la prochaine période de semailles.
Pendant le tremblement de terre en 2010, des dix écoles qu’OTM soutient, quatre ont été touchées de telle manière qu’une réparation n’était plus possible, une construction de bâtiments neufs a été indispensable et s’est réalisé au cours des années 2013 à 2015. Les matériaux de qualité non disponibles en Haïti ont dû être achetés au Luxembourg, chargés dans des containers et envoyés à Port-au-Prince. Afin de garantir la stabilité des nouveaux bâtiments scolaires, des bénévoles professionnels d’OTM et les ingénieurs et travailleurs locaux ont construit de nouvelles écoles à base d’une structure métallique porteuse. Celle-ci assure la stabilité en cas de catastrophe naturelle. La construction des bâtiments scolaires s’est faite à l’aide de modules standard de deux salles (rez-de-chaussée et premier étage) qui ont pu être répétés autant de fois que nécessaires et agencés de manière à s’adapter aux particularités du terrain.
La construction de la 1ère école a permis aux bénévoles d’OTM de former des ingénieurs et travailleurs sur place, ce qui permet à ces derniers de s’expérimenter pendant la construction de la 2ème école.

3) Impacts
Lors du passage du cyclone Matthew en 2016, l’agriculture des zones rurales a été touchée auprès de plus de 90% de cultivateurs.
103 familles de Beau Séjour, 85 familles de Café Lompré, 85 familles de Viala et 238 familles des mornes de Carrefour, les familles les plus touchées par le cyclone Matthew ont reçu d’OTM des marmites de semences d’haricot, de pois Congo afin de reprendre leurs activités agricoles.
Dans la première école antisismique à Café Lompré 300 enfants peuvent étudier sous des conditions sécurisées. A Carrefour, faubourg de Port au Prince, la nouvelle Ecole Haïtiano Luxembourgeoise accueille 520 élèves et l’école de Bertin 320 enfants.
Les bâtiments métalliques des nouvelles écoles offrent non seulement une protection fiable contre les fréquentes catastrophes naturelles en Haïti, mais protège aussi contre la chaleur du jour.
Pendant la reconstruction de la première école en métal, des ouvriers ont appris une nouvelle technique de construction qu’ils peuvent utiliser dans le futur.

4) Projet actuel d’aide d’urgence d’OTM
Actuellement OTM met en place un projet d‘aide d‘urgence pour aider les populations vulnérables de régions péri-urbaines et rurales dans l’ouest du pays. Avec l’état d’urgence et les nouvelles mesures prises par le gouvernement, les populations souffrent aussi bien du risque de maladie que d’appauvrissement alimentaire.
Avec une aide alimentaire en termes d‘achat et de distribution de produits de base (riz, nouilles, maïs, pois, huile), les besoins les plus immédiats des familles et surtout des enfants sont comblés.
Avec l‘achat et la distribution de semences et de cabris, OTM aide les familles à stabiliser leurs revenus et dépenses à plus long terme.
L’aide d’OTM a un effet multiplicateur, car elle permet d‘aider plusieurs familles en une fois. Après la première récolte, une famille qui avait reçu des semences dans le premier cycle de l’aide, donne des nouvelles semences à une famille qui n‘avait pas encore profité de l‘aide. De même, après la première portée, des nouveaux cabris sont données à une famille qui n’en avait pas reçus avant. Et les familles du deuxième cycle procèdent de la même manière dans un troisième cycle etc.
