Histoire d’Haïti

De l’indépendance à la néces­saire créa­tion d’un Etat Nation 

Après sa décou­verte, l’île dépourvue de grandes ressources (ni or, ni argent), sera délais­sée par les Espag­nols. La présence française date du XVIème siè­cle, avec une instal­la­tion sur l’île de la Tortue, puis sur la par­tie nord de l’île. Cette colonie faite d’aventuriers et de pirates reçoit le sou­tien du roi de France qui obtient de l’Espagne une sou­veraineté sur la par­tie occi­den­tale de l’île.

Les Français intro­duiront des cul­tures colo­niales : canne à sucre, café, cacao et coton. L’île devient riche et à la fin du XVI­I­Ième siè­cle, elle est la colonie la plus riche du monde. Elle pro­duit à elle seule 85% de la pro­duc­tion mon­di­ale de sucre. Cette richesse repose sur le tra­vail des esclaves importés d’Afrique, dans le cadre du com­merce tri­an­gu­laire, et sur le mono­pole de l’exportation vers la Rochelle et Nantes.

La révo­lu­tion française va causer la chute de ce sys­tème colo­nial esclavagiste. En 1791, les esclaves noirs se révoltent pour que leur soient appliqués les principes de la révo­lu­tion « tous les hommes nais­sent libres et égaux en droit ». Tou­s­saint Lou­ver­ture, un régis­seur noir (chargé de l’ad­min­is­tra­tion d’un domaine) affranchi, prend la tête de cette révolte. L’abolition de l’esclavage en 1794 va le ral­li­er tem­po­raire­ment à la France. Nom­mé général en chef, il s’empare de la par­tie espag­nole de l’île et donne une unité poli­tique à l’île de Saint-Domingue. Il légifère seul, proclame une con­sti­tu­tion et gère le ter­ri­toire de façon de plus en plus indépendante.

Napoléon le perçoit alors comme un rebelle et refuse cette marche vers l’indépendance en rai­son de la posi­tion stratégique de l’île et de sa richesse économique. En 1802, l’empire envoie 20.000 sol­dats pour recon­quérir Saint-Domingue. Mal­gré l’arrestation de Tou­s­saint Lou­ver­ture, l’opération est un échec. Les anciens esclaves parvi­en­nent à refouler les troupes de l’empire et le 1er jan­vi­er 1804, le général Jean-Jacques Dessalines proclame l’indépendance de la République d’Haïti, pre­mière République noire au monde et deux­ième Etat indépen­dant du con­tient américain.

Mais cet Etat n’est pas accep­té par les puis­sances européennes et les Etats-Unis voient d’un mau­vais œil une république noire qui pour­rait don­ner des idées aux esclaves améri­cains. La République d’Haïti se retrou­ve dans un pre­mier temps com­plète­ment isolée.

En 1825, Charles X recon­naît Haïti moyen­nant le rem­bourse­ment des ter­res con­fisquées, soit la somme 90 mil­lions de francs-or, ce qui représente une année de bud­get de la France de l’époque. Cette dette, très préju­di­cia­ble au futur développe­ment économique du pays, sera payée jusqu’en 1893. Haïti obtient une recon­nais­sance sur la scène inter­na­tionale et se présente comme le sym­bole de la dig­nité noire. Le pays sera très act­if pen­dant le XIXème siè­cle, aidant Boli­var dans son com­bat pour l’indépendance des pays d’Amérique Cen­trale. En 1919, Haïti fera par­tie des mem­bres fon­da­teurs de la SDN (Société des Nations) par la sig­na­ture du Traité de Ver­sailles. Plus récem­ment, Haïti a aidé la France à faire du français une langue offi­cielle aux Nations unies.

Mais la réal­ité intérieure du pays ne cor­re­spond pas à ce pres­tige inter­na­tion­al : depuis l’indépendance en 1804, le pays n’a jamais con­nu de sta­bil­ité poli­tique. Peu après le règne de Dessalines, Haïti fut coupé en deux sys­tèmes poli­tiques dis­tincts : au Nord, une monar­chie dirigée par le Roi Christophe, au Sud, une république dirigée par Pétion. En 1844, la par­tie ori­en­tale de l’île fait séces­sion sous le nom de République domini­caine, ce qui don­nera les fron­tières actuelles à la République d’Haïti. Le pays ne con­naî­tra pour­tant pas de sta­bil­ité poli­tique durable. Haïti sera tan­tôt soumis au joug de dic­ta­teurs tels les Duva­lier père et fils, tan­tôt sous occu­pa­tion améri­caine ou sous tutelle de l’ONU. Depuis l’indépendance, sur les 45 chefs d’Etat qui se sont suc­cédés, 28 ont été tués ou ren­ver­sés par un coup d’Etat.

La fin du XXème siè­cle a été très con­fuse. Le prési­dent Aris­tide qui con­sti­tu­ait un espoir pour les Haï­tiens et la com­mu­nauté inter­na­tionale, a instal­lé un régime de ter­reur par l’intermédiaire de mil­ices appelées chimères. Des jour­nal­istes ont été assas­s­inés et l’opposition vio­lem­ment réprimée. Coups d’E­tat, opéra­tion des Etats-Unis, inter­ven­tion des Nations unies. Après la fuite du Prési­dent Aris­tide en 2003, le pays con­naî­tra de nou­veau une insta­bil­ité proche de la guerre civile. Les élec­tions ont été repoussées 4 fois avant de voir René Pré­val élu à la prési­dence de la République.

Pour bon nom­bre d’analystes, le redresse­ment d’Haïti passe par le redé­mar­rage de l’économie. Ce critère néces­saire sem­ble cepen­dant insuff­isant. Le prin­ci­pal défi que doit relever le pays est la sta­bil­i­sa­tion de l’Etat et de ses insti­tu­tions. C’est l’instabilité poli­tique qui a provo­qué la fuite des indus­tries vers l’étranger. La sta­bil­ité est la con­di­tion néces­saire et préal­able et la créa­tion d’un marché intérieur et du redé­mar­rage économique du pays.

Haïti et la ban­quer­oute du pays 

La ban­quer­oute économique que con­naît le pays prend nais­sance avec les indem­nités d’indépendance imposées par les Français. Cette charge a con­sti­tué une entrave au développe­ment économique du pays et a con­tin­ué à peser jusqu’en 1922 en rai­son d’emprunts extérieurs des­tinés à la rem­bours­er. Haïti ne s’en est jamais vrai­ment relevé.

En 1914 Haïti se trou­ve économique­ment à genoux et l’intervention améri­caine l’année suiv­ante n’arrangera rien. Jusqu’à cette date, Haïti n’était débi­trice que d’un seul pays : la France. Durant l’occupation, les Etats-Unis obligeront Haïti à con­tracter un emprunt de 30 mil­lions de dol­lars : emprunt poli­tique des­tiné à trans­fér­er la dette haï­ti­enne des mains des Français aux mains des Etats-Unis.
Cette régulière et pro­fonde ingérence économique étrangère n’a jamais per­mis l’essor d’une économie nationale et un Etat suff­isam­ment fort. Après l’indépendance, le pays n’a jamais eu les moyens de se recon­stru­ire. On a pu dire que  « l’histoire d’Haïti est un réper­toire de tout ce qu’il ne faut pas faire pour sor­tir du sous-développe­ment ». Le gou­verne­ment d’Haïti se livre aux usuri­ers qui lui font des avances à des taux incon­nus en Europe et qui appau­vris­sent le pays en l’endettant tous les jours d’avantage. La sit­u­a­tion économique actuelle est le résul­tat de l’u­til­i­sa­tion d’Haïti comme ter­rain de jeu pour des puis­sances occi­den­tales qui s’exercent à l’impérialisme.

L’économie haï­ti­enne est essen­tielle­ment rurale et agri­cole, les deux tiers de la pop­u­la­tion vivant en milieu rur­al. L’a­gri­cul­ture, bien qu’elle souf­fre d’un manque d’engrais, d’outils et d’irrigation, reste le prin­ci­pal secteur économique du pays (60% de la pop­u­la­tion active et 30% du PIB).

Le secteur indus­triel est faible et se lim­ite au tex­tile et aux usines d’assemblages. Les entre­pris­es tra­vail­lant pour le secteur nation­al sur­vivent dif­fi­cile­ment. Après les coups d’Etat mil­i­taires, les firmes étrangères qui représen­taient le tiers de l’industrie du pays en 1987 ont quit­té Haïti ou réduit leurs activ­ités au strict min­i­mum pour cause d’embargo imposé par la com­mu­nauté inter­na­tionale. Cet embar­go a eu pour con­séquence de mul­ti­pli­er par cinq le prix de l’essence et de nour­rir l’in­fla­tion. Depuis 1990, 130 entre­pris­es tournées vers l’international ont fer­mé leur porte, aug­men­tant ain­si le flux déjà très impor­tant des chômeurs.
Et, con­traire­ment à la République Domini­caine, Haïti ne peut compter sur la manne touris­tique. Le Club Méditer­ranée a fer­mé son dernier étab­lisse­ment en 2000. La ligne aéri­enne Paris-Port au Prince a été supprimée.

Enfin, dernière spé­ci­ficité, l‘importance économique de la dias­po­ra : un Haï­tien sur cinq vit actuelle­ment à l’étranger, soit 2 mil­lions de per­son­nes : 1 mil­lion en République domini­caine, 400.000 aux Etats-Unis, quelques mil­liers en France et au Cana­da. Chaque année, ce sont de 500 mil­lions à 1 mil­liard de dol­lars qui sont envoyés au pays, ce qui représente jusqu’à 25% du PIB, soit 3 fois le bud­get de l’Etat.

La faib­lesse économique con­juguée à la qua­si ban­quer­oute de l’Etat et à une infla­tion galopante entraîne la dépré­ci­a­tion de la mon­naie nationale : la Gourde. La faib­lesse moné­taire ne per­met pas au pays de rem­bours­er ses dettes vis a vis des Etats-Unis ou de la France (voir notre dossier sur la dette odieuse et illégitime). De ce fait, le pays qui vit grâce à sa dias­po­ra et à l’aide inter­na­tionale, se retrou­ve dans une sit­u­a­tion de pro­fonde dépendance.

Plusieurs oura­gans et de début de la crise économique ont amené une grave aug­men­ta­tion des prix à la con­som­ma­tion et par­ti­c­ulière­ment des den­rées ali­men­taires (dou­ble­ment du prix du riz, ali­ment de base). Des émeutes ont éclaté en 2008 et ont été dure­ment réprimées.

Haïti reste sous la dépen­dance des Nations unies : A plusieurs repris­es l’ONU a pro­longé la mis­sion des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH).

 

Erdbeben von 2010

Haup­tar­tikel: Erd­beben in Haiti 2010

Am 12. Jan­u­ar 2010 ereignete sich in Haiti ein katas­trophales Erd­beben mit min­destens 250.000 Todes­opfern. Mehr als 1,2 Mil­lio­nen Men­schen wur­den obdach­los, alleine in der Haupt­stadt Port-au-Prince wur­den tausende Bauw­erke zer­stört. Die bere­its vorher nur rudi­men­tär vorhan­de­nen staatlichen Insti­tu­tio­nen brachen weit­ge­hend zusam­men. Die Wahrung der öffentlichen Sicher­heit wurde in weit­en Teilen von den Vere­inigten Staat­en übernommen.

Zur Bewäl­ti­gung der Fol­gen des Erd­beben und für den Wieder­auf­bau der Infra­struk­tur des Lan­des wur­den Haiti Hil­f­s­maß­nah­men in Höhe von mehr als 9 Mil­liar­den US-Dol­lar zuge­sagt. Durch Spende­naufrufe kamen mehrere 100 Mil­lio­nen US-Dol­lar zusam­men. Der Inter­na­tionale Währungs­fonds erließ Haiti sämtliche Schulden.

Neun Monate nach den Erd­beben brach in Haiti eine Cholera-Epi­demie aus. Waren Ende Okto­ber 2010 die Erkrankun­gen noch auf die nördlich von Port-au-Prince gele­gene Prov­inz Art­i­bonite beschränkt, wur­den am 9. Novem­ber 2010 die ersten Erkrankun­gen in den Flüchtlingslagern der Haupt­stadt reg­istri­ert. Zu diesem Zeit­punkt waren bere­its mehr als 550 Men­schen an der Krankheit gestor­ben, mehr als 8000 Haitian­er waren infiziert.[16] Die Regierung rief den san­itären Not­stand für das ganze Land aus.

Wahlen 2010–2011

Reg­uläre Wahlen waren für den Jan­u­ar 2010 geplant, wur­den aber auf Grund der Erd­bebenkatas­tro­phe ver­schoben. Am 28. Novem­ber wur­den dann Par­la­mentswahlen und die erste Runde der Präsi­dentschaftswahlen abge­hal­ten. Vorher wurde die pop­uläre Linkspartei Aris­tides Fan­mi Lavalas, wie von allen Wahlen seit ihrem Sturz 2004, aus­geschlossen. Mit ein­er niedri­gen Wahlbeteili­gung qual­i­fizierten sich zwei rechte Kan­di­dat­en, die Frau des ehe­ma­li­gen Präsi­den­ten Leslie Mani­gat, Mir­lande Mani­gat und der poli­tisch uner­fahrene Pop­sänger Michel „Sweet Micky“ Martel­ly für die Stich­wahl. Der amtierende Pré­val durfte nach zwei Amt­szeit­en nicht mehr kandidieren.

Am 16. Jan­u­ar 2011 kehrte der ehe­ma­lige Dik­ta­tor Jean-Claude Duva­lier nach fast 25 Jahren im Exil nach Haiti zurück, nach eigen­er Aus­sage, „um zu helfen“.[17][18] Die Staat­san­waltschaft leit­ete ein Ermit­tlungsver­fahren gegen Duva­lier wegen Kor­rup­tion, Verun­treu­ung und Dieb­stahls zu Las­ten der haitian­is­chen Staatskasse ein.[19]

Zusät­zlich kehrte auch Jean-Bertrand Aris­tide am 18. März, zwei Tage vor der Stich­wahl, zurück.[20] Am 4. April wur­den vor­läu­fige Ergeb­nisse bekan­nt­gegeben, bei denen Martel­ly mit 2/3 der Stim­men in Führung lag. Endergeb­nisse waren für den 16. April angekündigt. Am 4. April gab die Wahlkom­mis­sion bekan­nt, dass nach dem vor­läu­fi­gen amtlichen Wahlergeb­nis Michel Martel­ly mit 67,6 Prozent der Stim­men der 56. Präsi­dent Haitis ist. Mir­lande Mani­gat erre­ichte vor­läu­fige 31,7 Prozent.

Chronolo­gie

1492 : “Décou­verte” de l’île par les Espag­nols et exter­mi­na­tion des pop­u­la­tions autochtones
1697 : Partage de l’île entre la France et l’Espagne
1794 : Abo­li­tion de l’esclavage
1802 : Rétab­lisse­ment de l’esclavage par Napoléon
1804 : Indépendance
1844 : Divi­sion de l’île en 2 par­ties : Haïti et République dominicaine
1915-1934 : Occu­pa­tion par les Etats-Unis
1957 : Elec­tion de François Duva­lier à la tête de l’Etat
1971 : Jean-Claude Duva­lier suc­cède à son père
1986 : Fuite de Jean-Claude Duvalier
1986–1990 : Suc­ces­sion de coups d’Etat
1990 – 1996 : Prési­dence de Jean-Bertrand Aris­tide (ren­ver­sé par un coup d’É­tat en 1991, il revint au pays le 15 octo­bre 1994 pour finir son man­dat après trois ans d’exil)
1996–2001 : Prési­dence de René Préval
2001–2004 : Deux­ième man­dat de Jean-Bertrand Aris­tide qui se ter­mine par sa démis­sion et son exil
2004–2006  : Gou­verne­ment intérimaire
2006 : Elec­tion de René Pré­val comme chef de l’E­tat le 14 mai
2007 : Nom­i­na­tion au poste de pre­mier min­istre de Michèle Pierre-Louis, le 31 Août.